C’est une histoire triste mais qui finit bien.
Nous trouvons le site via « Le Gazouillis des Éléphants » de Bruno Montpied. Même si nous n’apprécions pas forcément l’auteur (il a le classement en art brut ou non assez péremptoire), ce gros livre noir est une mine d’or, une collection de sites, presque une accumulation (un régal pour nous).
Bref, le site est indiqué comme disparu, d’abord laissé à l’abandon puis vendu.
Comme je ne crois que ce que je vois et que j’aurais bien aimé voir le site avant abandon je le cherche sur street view.
Et que vois-je sur la vue de 2021? plein de sculptures fraichement peintes, un jardin entretenu. Google n’est pas passé depuis longtemps. Le cliché précédent date de 2012, le jardin est en friche, pas de sculptures, il y a un panneau à vendre barré d’un « vendu ». En 2011, le jardin est en bon état mais pas une sculpture. En 2010 toutes les sculptures sont là!
C’est invraisemblable ! les jardins disparaissent souvent mais ne ressuscitent jamais… Alors on l’épingle sur la carte et on s’y rend en mai 2024.
Elles sont bien là, resplendissantes, une multitude de sculptures en ciment dont le niveau de détail nous laisse sans voix.
Un petit passage que l’on peut prendre de la grande route est un sentier qui mène à un jardin potager.
Il y a là sur des stèles en mosaïques des cigognes, une forme très abstraction des années 50 (je l’aime beaucoup celle-là) et de gros bonhommes (on y reviendra).
On suit la départementale pour aller sonner au portail, on voudrait bien rencontrer l’artiste, visiter le jardin.
C’est sa fille qui vient nous ouvrir. Son père n’est plus là, il a dû laisser son jardin en 2010 et rejoindre une maison de retraite. Cette vie là il ne l’a pas supportée, passer d’un jardin merveilleux à une chambre de 15 m², ne rien faire de ses mains, c’était trop pour lui. Alors il a décidé en pleine conscience de quitter cette vie désormais insipide.
Sa fille a récupéré et stocké toutes les sculptures, puis mis la maison en vente. Elle a un frère aussi, et il aurait fallu racheter sa part, impossible.
La maison a trouvé, en 2012, un jeune couple d’acquéreurs. Et là, on ne sait pas dans quel but ils se sont mis à saccager le jardin avec une pelleteuse, à remblayer la jolie mare.
Le jardin s’est vengé, ils se sont d’abord engueulés puis ont divorcé deux ans plus tard.
Et là, le miracle s’est produit, la fille de Bernard et son mari ont racheté le jardin, replacé les sculptures, remis des parterres et de jolies plantes.
Bernard n’a jamais donné à sa fille le secret de fabrication de ses sculptures en ciment si pleines de finesse. Et pourtant c’est une belle histoire de transmission car son gendre a repris le flambeau. C’est lui qui a réalisé les bonhommes tout rond.
En partant, la fille de Monsieur Aubert, en nous raccompagnant à la porte, nous a lancé sous forme de boutade de surveiller la vente de la maison plus tard, car après eux, il risque de n’y avoir personne pour un nouveau miracle.
Références:
« Le gazouillis des éléphants » – Bruno Montpied – Editions du Sandre – 2017
277 route de la Promenade, 49430 Durtal
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