Enrico Capra, Il Cantiere Infinito

Enrico Capra (1934-2014) était un homme blessé, marginalisé et anxieux. Né en 1934 dans la province de crémone, il passa sa vie entière dans la maison qui le vit naître.

Cantiere Infinito (le chantier infini), une appellation qui convient si bien à cette maison qu’il transforma, au fil des années, en véritable palais, et que nous vous présentons aujourd’hui.

Enrico perdit son père à l’age de 9 ans. Enfant fragile et maladif, il fut négligé par sa mère, martyrisé par sa soeur ainée et à l’école où les convictions communistes de son père passaient mal auprès de l’instituteur, en pleine Italie fasciste.

Il ne quitta jamais sa maison, même pour de courtes périodes. Il y vécu avec sa mère jusqu’en 1970, date de sa mort.

Il ne se maria jamais, jugeant que le mariage était une chose sérieuse et qu’il ne serait pas à la hauteur.

A son lourd passé s’ajoute une peur de la précarité qu’Enrico conjurera en faisant de sa maison un palais, un temple, un refuge. Une maison thérapie aussi, support de créativité, d’obsession, de rigueur mais aussi de tant de délicatesse.

La petite maison, mitoyenne sur un côté, est entièrement recouverte de briques récupérées et sculptées. A la fois extrêmement symétrique et incroyablement foisonnante, il se dégage de l’oeuvre d’Enrico un sentiment rassurant d’ordre et d’équilibre.

On imagine que ce travail si minutieux et répétitif avait sur lui un effet d’apaisement.

A la fois palais et temple, on trouve sur la maison le souvenir de ses deux parents. Deux petites photos en médaillon ont été incrustées dans la dentelle de briques.

Si la photo de son père figure de manière discrète sur le devant de la façade encadrée des inscription « CPR HIE », celle de sa mère est au fronton d’un petit mausolée au dessus d’une statue de la vierge, et comporte son prénom entier: « Isabella ».

Nous n’avons pas pu visiter l’intérieur, ni même voir la façade arrière qui comporte, de ce que nous lisons dans les trop rares articles consacrés à Enrico Capra, une coupole.

En 2023, la maison, qui a perdu son propriétaire il y a près de 10 ans, est en très bon état. Nous aurions aimé savoir si quelqu’un l’entretient, même s’il semble que personne n’y habite plus.

Et surtout, nous espérons qu’Enrico a trouvé la paix là où il se trouve désormais.

Références:

Article sur le blog Outsider Environments Europe (Anglais)
Article sur le site SPACES (anglais)
Article sur le site Costruttori di Babele (italien)
Texte de Cristina Calicelli dans la revue Bric-à-Brac, en juin 2015 (italien)

Via Cantone, 44, San Daniele Po, Cremona, Lombardia, Italia

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