Les tourne-vent d’André Pailloux

C’est lors d’un voyage en Vendée en août 2023, dans des circonstances personnelles douloureuses, que nous avons rencontré André Pailloux. Je lui dois une parenthèse de rêve, de couleurs, de gaité, une trêve en quelque sorte.

André Pailloux ramène à ce qu’il y a d’essentiel dans la vie: l’émerveillement. Et cela commence dès qu’on pénètre dans la petite rue où il habite. Le froufrou des moulins qui tournent, le chatoiement des couleurs, le foisonnement, la multitude, l’abondance, l’accumulation (j’adore ça les accumulations, je ne sais pas pourquoi cela m’apaise).

André Pailloux est un homme surprenant, il vient au devant des visiteurs, il les fait rentrer, il aime discuter. Il s’intéresse à tout, la politique, les artistes, Gaudi, la planète, l’irresponsabilité des hommes, les autres bâtisseurs de l’imaginaire. Il pose des questions, saute du coq à l’âne, tout en nous scrutant par-dessus ses lunettes.

Il a regardé énormément de reportages, sur des tas de sujets. Il aime bien savoir ce qu’en pensent ses visiteurs.

Parce qu’il en a des tas des visiteurs, des gens qui viennent exprès pour son jardin, de l’étranger aussi parfois. De ça, il en est fier André. Il y a eu des reportages sur lui, à la télé, dans les journaux…

C’est qu’il vit tout seul dans sa maison, il n’a ni femme, ni enfants André. Il était peintre sur les chantiers navals, à l’extérieur. Alors le vent et la peinture ça le connait! Depuis qu’il est à la retraite il est libre d’utiliser les peintures qu’il veut, alors il teste les couleurs, les formes. « Regardez, quand ça tourne, les couleurs elles changent, elles s’estompent ».

André a un grand jardin, ou plutôt deux jardins, un devant, un derrière, mais il a tout concentré à l’avant sur les quelques mètres carrés qui séparent son pavillon de la route. Car ce n’est pas pour lui qu’il les faits ses tourne-vent, mais pour les autres, surtout les enfants.

Alors sur sa clôture il aussi mis des messages, des bons mots, des petits jeux pour ceux qui passent.

On pose des questions à André sur ses moulinets, il dit qu’il n’en construit plus trop. Il répare et repeint ceux qui existent, il y en a plein qui tombent avec les tempêtes et tout cela doit rester chatoyant, c’est du boulot.

Mais on sent bien qu’il y a autre chose, qu’il aimerait ne pas être réduit qu’à ça. Il nous ramène constamment au fil de la conversation à ses peintures, celles qui trônent dans son garage et qu’il expose à la vue des passants en les accrochant bien en vue.

Mais ce n’est pas pour ses peintures qu’il est entré au musée. Car oui, André est entré au Musée de la Création Franche en 2023, grâce à son vélo. Pour pouvoir promener son environnement en dehors du périmètre de son jardin , André s’était mis à décorer son vélo. Une véritable sculpture-mobile avec laquelle il se déplaçait. Lorsque nous sommes passés le vélo n’était plus là. Lorsque nous lui demandons s’iil compte en recréer un, il nous dit que non, nous explique qu’il serait incapable d’en refaire un pareil. Et pourtant, que ne voyons nous pas dans le garage, entre les peintures ?

Merci André pour ce moment d’insouciance.

Références:

Article sur le site SPACES (Anglais)
Article sur le blog « Les Grigris de Sophie »
Article sur le blog Outsider Environments Europe (Anglais)
Article sur le vélo d’André Pailloux, sur le blog « le Poignard Subtil »

13 Chemin de la Baqueville, 85470 Brem-sur-Mer

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