Le Château de Bresse mais surtout de Castille

Ne vous fiez pas à l’avant de cette petite maison à laquelle briques et colombages donnent l’allure d’une mini ferme bressane. Enfin, en passant vite sur la route fréquentée qui la borde.

Car en regardant mieux: pas d’élevage de poulets mais une otarie, un cerf, un paon, un panda, un kangourou, de multiples perroquets s’accrochent à la façade. Un zoo? non plus, tout est faux, briques et colombages compris.

Il faut passer à l’arrière par une petite rue adjacente pour découvrir le château. Et là, si l’avant nous a interpellé, l’arrière nous en fait décrocher la mâchoire.

Bouche bée nous découvrons à travers un mur de clôture savamment ajouré une cour bordée de bâtiments en briques, colombages, arches et peinture bleue ciel.

Au centre trônent un taureau et un matador.

Une espagnole, dont la position rappelle la statue de la liberté, brandit un… lampadaire.

Sur la clôture, les toitures, les cheminées, les balcons on trouve pêle-mêle des cigognes, une panthère, un aigle, un tigre et un chamois, entre autres.

Un peu plus loin un couple d’espagnols accompagnés d’un joueur de guitare, d’un homme sur un cheval et d’un âne habitent un « patio andalou ».

C’est merveilleux, au sens étymologique du terme, étrange, étonnant et admirable aussi.

30 ans et 295 sceaux de béton c’est ce qu’il aura fallu pour construire le Château Bresse et Castille, matérialisation de l’amour de son créateur originaire de la Bresse pour sa femme espagnole.

Roger Mercier, car c’est son nom, est mort à 92 ans en 2018, nous aurions aimé écrire « en son château ».

Mais non, il avait dû le laisser, avec regrets, car il ne pouvait plus y vivre seul ayant survécu de quelques années à sa chère épouse.

Revenus à l’avant, nous constatons qu’une fenêtre est entrouverte, le château est donc encore occupé? Nous toquons à la fenêtre et une femme pétillante apparaît sur le pas de la porte. Nous exprimons notre admiration et notre curiosité mélangée et elle nous invite gentiment à rentrer, s’excusant du chantier.

Elle nous explique être la fille de Madame Mercier née Alonso et la belle-fille de Monsieur Mercier. Nos recherches nous ont apprirent plus tard que Roger avait un fils avec lequel il ne semblait plus avoir beaucoup de contact et que Mme Alonso avait plusieurs enfants dont notre hôtesse avec lesquels il avait des liens très étroits.

Elle nous apprend qu’elle vient avec son compagnon et son fils d’emménager au château (d’où les travaux intérieurs), qu’ils ont pour ambition de restaurer le travail de Roger qui se ternit avec le temps et de l’ouvrir au public.

En sa compagnie nous visitons la cour, grimpons dans la tour, prenons des photos, c’est un joli moment de partage, de ceux qui font les journées dont on se souvient longtemps après.

Nous partons rassurés sur le devenir de cet endroit particulier, joyeux et humain et nous nous promettons de revenir lorsqu’il sera restauré.

Ah! il faut que vous sachiez: le Château Bresse et Castille a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historique en 2017, et il est réjouissant de savoir que Roger a vécu cette consécration de son fabuleux travail.

Références:

Article de 2022 sur la vie de Roger Mercier sur La Cartographie des Rocamberlus
Article sur le site Outsider Environments Europe (Anglais)
Article sur Les Grigris de Sophie
Reportage de France 3 Bourgogne-Franche-Comté
Notice de la base Mérimée relative à l’inscription du Château aux Monuments historiques en 2017

Château de Bresse-et-Castille, 33 route de Dôle, 71620 Damerey

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